Une théorie sur le rêve

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Introduction

Le rêve a une utilité, et cette utilité ne peut être que très concrète. Comme toutes les composantes de toutes les structures vivantes de notre planète, le rêve accomplit une fonction, et sa mise en place chez les mammifères et chez l'homme ne peut être que le résultat d'une adaptation évolutive, selon le modèle darwinien.

Pour comprendre ce qu'est le rêve, il faut établir quelle est sa fonction, et quel est l'avantage compétitif offert par son fonctionnement. En cela il ne devrait différer du cœur, de l'oreille, de la cellule vivante générale: sa complexité apparente n'est que le résultat d'une "optimisation sous contrainte", la solution d'un problème qui consiste à maximiser une fonction en respectant des contraintes de ressources.

Sigmund Freud puis d'autres ont construit pour expliquer le rêve des théories subtiles et passionnantes, selon lesquelles le rêve s'inscrit dans une théorie de la personnalité, du conscient et de l'inconscient, et selon lesquelles les éléments présents dans un rêve ont une forte signification symbolique liée aux expériences du rêveur. Les rêves sont alors l'expression puissante et subtile des tensions de l'inconscient. Cette théorie est passionnante, mais elle ne répond que faiblement aux questions de pression évolutive. Pourquoi le rêve est-il un mode de communication aussi complexe? Quel avantage évolutif procure-t-il? Quelle progrès évolutif se dégage entre le rêveur canin et le rêveur humain? Et surtout, quel problème très concret résout-il? Ces théories donnent à ces questions des réponses, mais peu satisfaisantes parce que trop complexes.

Dans cet article, une autre théorie du rêve est construite, plus simple ou plus basique, parce qu'elle énonce le problème que le rêve doit résoudre, parce qu'elle explique dans un contexte plus concret l'avantage évolutif qu'il procure.

Cadre: le modèle Assothink

Cette théorie du rêve n'est qu'une partie d'une théorie plus vaste sur le fonctionnement général du cerveau. Cette théorie est essentiellement un modèle du cerveau des humains et de celui des animaux dits supérieurs.

Un modèle ne peut pas être prouvé. La validité d'un modèle est toujours assez subjective, elle est liée à sa fécondité explicative. On peut dire qu'un modèle est puissant s'il existe un rapport favorable entre les hypothèses sur lesquelles il s'appuie d'une part, la puissance explicative qu'il dégage pour couvrir un éventail de phénomènes observés d'autre part. Un modèle est bon s'il arrive à rendre compte d'observations qu'il ne visait pas au départ à étudier.

Le modèle général du cerveau utilisé ici est le modèle Assothink.

Le modèle Assothink ne cible pas une analyse du rêve, mais plutôt le fonctionnement générique des intelligences naturelles et artificielles. Cet article décrit une extension fortuite du modèle Assothink vers le domaine des rêves.

Voici les composantes générales du modèle Assothink:

  • Le cerveau est un amas de nœuds.
  • Chaque nœud est lié à un concept basique.
  • Les nœuds sont connectés à de nombreux autres nœuds.
  • Les connexions entre nœuds sont vécues, perçues par le porteur du cerveau comme des connexions entre concepts.
  • Un nœud-concept ne contient aucune information codée (codée à la manière de l'ADN, ou de information digitale informatique).
  • En fait le nœud-concept n'existe, ne se définit QUE par l'ensemble des connexions qui le lient à d'autres nœuds-concepts.
  • La connexion entre deux nœuds se caractérise par une perméabilité (une grandeur scalaire).
  • La perméabilité est asymétrique. La connexion de A vers B peut avoir une perméabilité différente de celle de B vers A. Chacune peut ne pas exister, c'est à dire n'offrir qu'une perméabilité nulle.
  • A tout moment, un nœud-concept est caractérisé par un état d'excitation (une grandeur scalaire).
  • En permanence, des signaux sont propagés à travers les liens entre nœuds. Toute propagation dépend de l'excitation du nœud source, de la perméabilité du lien, et modifie l'excitation du nœud cible.
  • A tout moment, les propagations dans ce grand réseau qu'est le cerveau donne lieu à des effets de résonance, liés à l'excitation mutuelle et/ou groupée de nombreux nœuds-concepts. Ce sont ces effets de résonance qui permettent de définir une combinaison de nœuds-concepts actifs à tout instant.
  • En deux mots, le cerveau est un réseau résonnant.
  • A tout moment, ce à quoi nous donnons le nom de conscience n'est qu'un ensemble des nœuds-concepts excités, et leurs valeurs d'excitation.
  • Le langage ne constitue qu'une couche périphérique de ce réseau: le concept préexiste au percept (composantes du langage). Le concept 'banane' (le concept lié au percept 'banane' pour un cerveau francophone, plus exactement) pour prendre un exemple simple, n'existe pas en temps que tel, mais se définit uniquement par diverses connexions avec des concepts très divers (ceux que nous appréhendons via les percepts 'fruit', 'jaune', 'allongé', 'chaud', 'végétal', 'sexe', 'mixer', 'faim', énergie',...). De manière similaire, les concepts 'rouge', 'vert', 'bleu' ont un contenu très difficile à cerner. Tous nous établissons des connexions liant ces nœuds-concepts entre eux, avec le nœuds-concept 'couleur' et avec d'autres assez divers, mais en dehors de leurs proximités et différences, nous n'avons pas grand chose à en dire, et il nous est d'ailleurs impossible de savoir à quel point nos cerveaux respectifs ont au sujet des couleurs des représentations communes et objectives. Les couleurs n'existent que par les relations entre elles, issues de l'activité de cellules chargées de capteurs pigmentaires. Dans le modèle Assothink, ce qui vient d'être écrit pour les concepts-couleurs est vrais pour TOUS les concepts que nous manipulons.
  • Au départ, le cerveau est constitué d'un gelée inopérante, c'est à dire un ensemble de nœuds avec peu ou pas de connexion.

Le modèle Assothink est bien compatible avec un modèle de croissance du cerveau du nouveau-né, par la formation de connexions nombreuses entre les nœuds préalablement inopérants (non-connectés). Le nouveau-né associe un goût (celui du lait) et une image (le visage de sa mère). Des connexions se créent, parce qu'en mode 'formation', l'excitation simultanée de nœuds favorise la mise en place de connexions. Les sensations, les concepts, et ultérieurement les percepts, se mettent en place par un mécanisme générique de ce type. Aucune information n'est 'stockée' autrement que par des connexions.

Le modèle peut rendre compte de la diversité des cerveaux. Des individus étant passés par des expériences très diverses lorsqu'il étaient en mode 'formation' ont forcément des réseaux de nœuds très divers. La convergence de nos savoirs est donc le résulta de l'impression, sur des gelées au départ vierges et vides, de messages très divers, mais venus d'un univers matériel commun dans les grandes lignes, d'un métabolisme commun dans les grandes lignes, et des variantes culturelles qui nourrissent les cerveaux en formation.

Le modèle peut rendre compte, dans le grandes lignes, des processus de destruction ou délabrement des cerveaux des personnes âgées ou malades. Des perméabilités sont progressivement réduites, des connexions sont rompues, des nœuds-concepts se retrouvent mal connectés ou totalement isolés.

Mode de fonctionnement du cerveau

Le cerveau dispose trois modes de fonctionnement génériques:

  • Le fonctionnement ordinaire, celui que pratiquons en état de veille la plupart du temps. La conscience est opérante et alimentée par des signaux extérieurs. D'innombrables signaux internes provoquent de très rapides modifications des états d'excitation des nœuds-concepts, et nous en extrayons notre 'conscience'. Les perméabilités sont légèrement modifiées en fonction des expériences vécues. Le fonctionement ordinaire vise à créer un comportement efficace dans le monde actif réel.
  • Le fonctionnement de formation, qui est privilégié chez le nouveau-né et chez l'enfant. Ce mode de fonctionnement diffère du mode ordinaire par la plasticité de la perméabilité des connexions. En mode formation. les signaux échangées augmentent significativement la perméabilité des connexions franchies. Le fonctionnement de formation vise à construire le cerveau.
  • Le fonctionnement de rêve, décrit et expliqué ci-dessous.

Ces trois modes de fonctionnement peuvent coexister, parfois se superposer ou entrer en compétition. Dans un état de repos total, ou de sommeil passif, les trois modes tournent au ralenti, et le cerveau passe par des récupérations métaboliques. De même, les trois modes peuvent tourner de manière plus ou moins intenses, selon la pression exercée par l'environnement (situation de tension ou de relaxation), par le métabolisme (situation de manque ou de satiété) et par d'autres facteurs (interférences métaboliques de l'alcool, de médicaments, de substances neurotropes...).

Les fonctions du sommeil

Le sommeil a principalement deux fonctions.

D'une part, il constitue une période de recouvrement métabolique pour les organes nerveux, et aussi pour le corps entier.

D'autre part, il permet au rêve d'accomplir sa fonction.

La fonction du rêve

Mais alors quelle est la fonction du rêve?

Le cerveau est le siège de circulation de signaux, qui passent d'un nœud-concept (source) à un autre (cible) en modifiant le niveau d'excitation de la cible.

Dans la plupart des cas, le niveau d'excitation de la cible est fonction croissante du niveau d'excitation de la source, et fonction croissante de la perméabilité du lien.

Maintenant imaginons une petite structure cyclique au sein du grand réseau, structure au sein de laquelle lequel le nœud A est lié (notamment) au nœud B, le nœud B est lié (notamment) au nœud C, et le nœud C à son tour est lié (notamment) au nœud A.

De plus imaginons des états d'excitation transmis entre ces nœuds A, B et C.

Sans entrer dans les détails d'une formulation mathématique poussée, on peut supputer que cette petite structure est exposée à un danger. Le danger survient si les excitations atteignent un certain niveau (critique), et que les perméabilités des liens sont suffisantes pour que les excitations des 3 nœuds se mettent à croître sans limite. En terme technique, il s'agit d'une forme de résonance explosive. En terme de conscience, il s'agirait d'un forme très ponctuelle et simpliste de conscience monopolisée par peu de concepts, en d'autres mots, de pensée obsessionnelle.

Il n'y a qu'une solution pour prévenir ce genre de problèmes. Il faut que les fonctions de transfert de signaux obéissent à certains critères, et il faut en particulier que les perméabilités soient réglées pour prévenir ce genre de résonance explosive.

Plus clairement: il faut que dans un réseau propageant des signaux, les perméabilités soient ajustées pour que les phénomènes de résonance explosive soient évités.

Pour le cerveau, cet ajustement des perméabilités ne peut se faire en mode formation, car durant ces périodes, la priorité est donnée à la mise en place ou l'augmentation des perméabilités découvertes et explorées. Il ne peut pas se faire non plus en mode ordinaire, car durant ces périodes, c'est la performance du cerveau qui est prioritaire, l'adaptation la plus rapide et la plus dynamique de la conscience à l'environnement du sujet. Il faut donc que l'ajustement soit réalisé aux cours de périodes spécialisées, aux cours desquelles la formation du cerveau et la puissance de la conscience opérante puissent être négligées. Le sommeil est le cadre adéquat, et les périodes de rêves sont celles de ces ajustements de perméabilité.

En phase de rêve, le cerveau teste rapidement et au hasard d'innombrables nœuds et connexions. Il suscite au hasard de possibles débuts de résonance explosives, qui sont perçus par le sujet rêvant comme les images et perceptions de ses rêves. Et bien entendu, au cours de cette période, le cerveau procède à l'ajustement dynamique des perméabilités. Les perméabilités qui risquent de participer à des résonance explosives sont réduites. A l'inverse les perméabilités qui par leur faiblesses ne peuvent plus participer à aucun effet de résonance entretenue (conscience normale) sont augmentées.

Conclusion

Le rêve est un dispositif de régulation d'ajustement de perméabilités d'un réseau résonnant de grande taille. Cet ajustement permet de prévenir des problèmes logiques de sur-résonance (obsession) ou de sous-résonance (perte de conscience ou de savoir).