Au sein du Mass Moving

De Paul Gonze
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                                                                                                                   … «  le temps est arrivé de reconstruire l’arche de Noé.

                                                                                                                   Sans doute ignore-t-on encore quelle en sera la forme,

                                                                                                                   la conception et ce qu’elle emportera. Elle sera en tout cas

                                                                                                                   un médium de transfert d’un monde à un autre »…

                                                                                                                                                                       (mass moving, 1972)

Créé dans la mouvance des évènements de Mai ’68, mass moving est une nébuleuse à géométrie variable dont les membres ne pratiquent pas le culte de la personnalité et ne sacrifient pas aux idoles de l’art bourgeois. Animé par un esprit de contestation ludique, inspiré par les écrits des situationnistes, plus passionné de technologie et de sociologie que d’esthétique, il rappelle que l’art est là pour épanouir la ville et libérer ses occupants plutôt que pour se momifier dans la blancheur aseptisée des musées. Oscillant entre le besoin de reconnaissance et de subsidiation par les instances officielles et l’exigence d’autonomie libertaire, il expose au Palais des Beaux-arts de Bruxelles ou à la Biennale de Venise en menant parallèlement des actions sauvages dans des non-lieux urbains ou ruraux. Vivant le monde comme un village, il enferme une voiture américaine dans un cube de béton au milieu de Namur, parcourt villes et villages avec son L.E.M. (Ludic Environnement Machine) pour imprimer dans l’asphalte des fleurs ou des vénus, relie Bruxelles à Hiroshima pour y peindre des ombres roses, escalade les flancs de l’Himalaya pour délimiter une réserve d’eau pure, sillonne l’Europe pour encoconner ses habitants, dresse un mur de bambous sonores courant depuis l’Afrique jusqu’au grand Nord … Pressentant sa récupération par la société du spectacle et le marché de l’art, ses membres décident le 5 janvier 1976 de cesser toute activité et de détruire toutes ses archives dans un ténébreux autodafé. Subsiste de son errance en terre d’utopie quelques documents épars, quelques exemplaires d’un traité de méthodologie culturelle à l’usage de la jeune génération, un stock d’ouvrages analytiques de Cathy Leclercq et Virginie Devillez intitulés « Un aspect de l’art contemporain en Belgique » et un film de Françoise Lévie aux accents tendrement nostalgiques.